Ce qui est fantastique en Jordanie en 2022, c’est qu’on peut se faire livrer à domicile presque tout et n’importe quoi, et cela gratuitement (ou presque). Chaque magasin, même petit, a ses propres livreurs. Les restaurants aussi livrent, beaucoup passent par des entreprises comme Talabat ou Careem (les Uber eats moyen-orientaux).
Bond en avant
Il y a 10 ans, rien de tout cela n’existait. Il y avait peu d’offres en ligne, Uber n’existait pas, et pour se déplacer, il fallait héler un taxi dans la rue. Les gens échangeaient beaucoup et le contact humain primait. C’est pourquoi je découvre un nouveau monde depuis deux mois, où tout peut se faire par internet (ou presque). Il faut préciser que les services postaux sont quasi inexistants en Jordanie et que les adresses des bâtiments sont obsolètes, personne ne connait les noms des rues (ou presque). Avant d’entreprendre moi-même des commandes, je me demandais comment un tel bond en avant était possible en une décennie dans un pays qui n’utilisait pas les adresses (ou presque). Intriguée, j’ai entrepris de passer commande moi-même et j’ai alors découvert ce qui avait permis ce progrès: google.
Vive la localisation
En effet, puisqu’à notre époque tout le monde a un smartphone, on peut dorénavant envoyer sa localisation au livreur (qui nous aura bien évidemment appelé au moins une fois avant pour dire qu’il ne connaît pas la rue et qu’il ne trouve pas la maison). Dès que la localisation est envoyée, tout le monde respire. Le livreur sait où il va (ou presque) et je sais que je serai livrée d’un moment à l’autre.
Découverte
J’ai débuté mon expérience en passant commande d’un bureau chez IKEA, puis de produits frais à une ferme biologique. Mais aujourd’hui, je tente une nouvelle expérience: faire mes courses en ligne chez Carrefour. Sur Facebook, plusieurs personnes affirment qu’il y a plus de promotions en ligne que dans les succursales, je décide donc de me lancer… Je passe deux heures en alternance avec ma fille pour choisir les produits dont on a besoin, puis je passe commande. On me promet la livraison dans les 90 minutes gratuitement! J’avoue que je suis un peu sceptique mais au Moyen-Orient, tout est possible.
La communication n’est pas morte
Quinze minutes après avoir finalisé le paiement, je reçois un téléphone d’un premier service qui m’annonce que le café que je désire manque. Il m’en propose d’autres en remplacement, mais au prix que coûte un café de marque, je lui dis de ne pas échanger le produit manquant. J’irai chez C-Town demain.
Un quart d’heure plus tard, je reçois un téléphone du boucher qui me demande comment je veux qu’il coupe l’épaule d’agneau*. Je le remercie pour sa question et lui demande de ne pas la couper. Il a l’air surpris mais acquiesce et raccroche. Un peu plus tard, ce dernier me rappelle et me dit qu’il n’a plus exactement le morceau désiré. Il me demande si un kilo c’est suffisant. Oui, largement!
Je commence à regretter d’avoir commandé en ligne si c’est pour être interrompue tous les quarts d’heure!
Vive le téléphone
Le téléphone sonne à nouveau, c’est le livreur qui s’inquiète: selon lui, l’adresse que j’ai renseignée n’existe pas en Jordanie. Je n’ai plus la force de discuter, je lui propose directement de lui envoyer ma localisation, il est soulagé. Pourtant, 10 minutes plus tard, le téléphone sonne encore: il ne trouve pas l’adresse et a l’air plutôt stressé. Je lui dit que j’arrive, je descends. Il est dans une rue perpendiculaire, mais il me voit et klaxonne pour me faire signe. Heureusement, car il fait déjà nuit, il est 20h30. Je réceptionne la marchandise, emballée de manière très écologique dans plus de 10 sacs plastique différents – et prends congé. Finalement, ces courses à distance m’auront quand même pris presque trois heures, mais j’ai bien été livrée en 90 minutes, et tout est là! Et en plus, j’ai appris que le contact humain n’est pas mort au Moyen-Orient. On communique toujours autant, mais par téléphone!
*Le kilo d’agneau coûte moins de 10€
