Photo E.Grec
Ces dernières semaines, j’ai été émerveillée de voir le chemin parcouru par ma fille. J’entends déjà toutes celles et ceux qui vont me dire « normal, c’est ta fille ». OK c’est vrai.
Début de vie difficile
Mais depuis que ma fille Jade est née, sa vie est une bataille.
Elle a cumulé allergies nécessitant un régime spécial, épilepsie, insomnies et TDAH. Ce dernier a généré bon nombre d’accidents, dont des brûlures au 3e degré pour lesquels Jade a passé près de deux mois à l’hôpital alors qu’elle n’était âgée que de neuf mois.
En dehors des maladies et des accidents, Jade était une petite fille joyeuse mais très très vive (sans repos) et toujours la tête ailleurs. Elle aimait bouger, chanter, danser, tourbillonner, se déguiser, faire du vélo, du trampoline, chanter, danser, et ça repartait! Et elle ne dormait pas ou peu. De plus, elle n’arrivait pas à gérer ses émotions ou des choses comme les imprévus, les changements de programme ou les vacances. Elle faisait beaucoup de crises de colère, de panique ou d’angoisse.
Des passions
D’aussi loin que je me souvienne, elle a toujours aimé les généalogies royales, les princes et les princesses. Intérêts étranges du point de vue de notre famille. (Le 29 avril 2010, elle a passé sa journée d’anniversaire à regarder le mariage de Kate et William). Mais, plus que tout, elle rêvait aussi de faire de la danse classique. C’est donc tout naturellement qu’elle a débuté à l’âge de 5 ans. Avec l’hyperactivité, ce n’était pas gagné mais elle aimait aller au cours et a persévéré.
A l’âge de 6 ans, pour essayer de limiter les accidents, nous avons décidé de la mettre sous Ritaline. Nous avons également mis en place un suivi en psychomotricité afin d’améliorer sa coordination et son équilibre. Jade ne parvenait pas à anticiper ou planifier un mouvement. Impossible pour elle de rattraper une balle ou d’apprendre à nager. Alors même qu’elle était toujours en mouvement, elle ne parvenait pas à coordonner ou planifier ses gestes. La danse classique a été un excellent moyen d’apprentissage et de thérapie. La répétition des mêmes mouvements à chaque cours, la maîtrise et la précision que cela demandait, l’équilibre et la patience. Jade a persévéré, augmentant chaque année le nombre de cours et répétant à qui voudrait l’entendre, qu’un jour elle deviendrait danseuse.
Une persévérance à toute épreuve
A 12 ans, dès qu’elle a pu bénéficier d’un programme danse-études et espérer des allégements scolaires, elle a saisi l’occasion. Elle a continué son chemin en entendant très souvent autour d’elle des paroles blessantes, du genre « De toute façon, elle n’a pas le niveau ». «Jade tu ne montes pas bien sur pointes, tu ne seras jamais danseuse classique ». « Regarde comme tu as grossis, tu dois vraiment faire des efforts ». « Danseuse? Ce n’est pas un vrai métier ».
Mais elle a continué à croire en son rêve. Jade a persévéré dans la prière, croyant que si Dieu avait mis cette passion dans son coeur, Il l’aiderait à atteindre son but. Elle a prié pour avoir plus de coordination, plus d’équilibre et comprendre les mouvements plus rapidement. Elle a supplié Dieu de pouvoir monter sur pointes et a, pour cela, subi deux opérations aux chevilles.
Lorsqu’à la fin de sa formation pré-professionnelle, elle a été prise comme trainee au Ballet de Barcelona, elle l’a annoncé à son professeur. Cette dernière a répliqué, devant toute la classe, « Ils prennent vraiment n’importe qui! ».
Première expérience
Malgré les doutes, le découragement et les humiliations à répétition, elle a tenu bon. Au Ballet de Barcelona, elle a beaucoup progressé et a eu l’occasion d’avoir plusieurs rôles dans le Casse-Noisette et le Lac des cygnes. Cette expérience l’a confortée dans son choix. Elle en était vraiment sure, c’est ça qu’elle voulait faire: danser professionnellement dans une compagnie. A la fin de la 2e année, elle a mis du temps à récupérer à la suite du Covid et n’a pas pu postuler pour aller plus loin. Je dois avouer que sur le moment, j’étais inquiète qu’elle ne passe pas d’auditions et qu’elle n’ait pas de plan B. Mais Dieu avait tout préparé d’avance.
Changement de cap
L’année dernière, lorsque j’ai annoncé à Jade que je partais m’installer à Amman, elle m’a dit très vite: « j’ai prié, j’en suis sure, je viens avec toi ». A nouveau, elle a subi une avalanche de critiques, de questions plus ou moins bien intentionnées. « Que vas-tu faire là-bas? ». «Tu vas flinguer ta carrière! ». « Quoi? Mais il n’y a pas de compagnie professionnelle là-bas?!? ». Une fois de plus, elle a tenu bon, même si toutes ces remarques n’étaient pas faciles à gérer. Jade a obéi à Dieu et a cru que s’Il l’envoyait là-bas après l’avoir préparée toutes ces années, ce n’était pas pour détruire ce qui avait été construit auparavant.
Elle a donc quitté l’Espagne et a intégré la seule compagnie « professionnelle » de Jordanie. Jade a passé trois mois sans danser et n’a repris les cours qu’à la mi-septembre. Cela lui a paru une éternité, elle qui avait l’habitude de danser au moins six jours sur sept. Lorsque les répétitions ont débuté, elle a découvert qu’elles n’auraient lieu que deux jours par semaine s’il n’y avait pas de show. Encore une fois, ça a été un choc et Jade a commencé à remettre son choix en question. Mais encore une fois, elle ne s’est pas laissée abattre et s’est mise à faire des classes seule, tous les jours. Les employés du Centre national pour la culture et les arts se sont habitués à la voir quotidiennement et ont été étonnés de son assiduité.
Des victoires
En octobre, elle a appris qu’il y aurait un spectacle très important début décembre. Les répétitions ont commencé et se sont intensifiées. Le Roi de Jordanie et ses fils, ainsi que des invités de marque ont assistés à ce show. Jade a pu leur serrer la main, et elle qui aime tant la royauté, a été émerveillée de vivre ce moment.
Petit, à petit, Jade a commencé à perdre du poids, à gagner en équilibre et à améliorer sa danse alors même que personne ne la corrigeait. Elle a commencé à voir les réponses à des prières qu’elle faisait depuis des années.
Mais ce n’est pas fini. En mai, elle n’a pas eu un seul jour de congé. Après avoir dansé un des rôles principaux dans un spectacle du Centre national pour la culture et les arts, elle a participé au Festival de danse contemporaine d’Amman. Ensuite, elle a poursuivi les répétitions pour danser à la cérémonie du henné pour la future épouse du fils du roi. Finalement, elle a eu l’honneur de danser le premier juin au mariage du prince héritier.
Ce jour-là, elle a su alors que Dieu avait préparé sa venue en Jordanie pour un moment tel que celui-ci. En participant au mariage, elle a eu l’impression de vivre son rêve et c’est, pour l’instant, le plus beau jour de sa vie!
Vise tes rêves
En conclusion, j’ai envie de t’encourager à écouter ce que tu as dans le coeur, ce que Dieu te dit. Même si ça te paraît irréalisable, impossible ou que tu passes pour une rêveuse ou un rêveur, fonce.
Si Dieu a mis un rêve ou une vision dans ton coeur, que tu obéis et que tu travailles avec diligence pour obtenir cette promesse, tu la verras s’accomplir (Marc 11.24).
Si, par contre, tu écoutes les voix du découragement, du doute, qui te font croire que c’est impossible, que c’est même stupide d’oser en rêver, tu risques de ne rien commencer, de peur d’échouer. Tu seras comme l’homme de la parabole des talents, qui n’en reçoit qu’un et qui l’enterre, au lieu de le faire fructifier (Matthieu 25.18).
Ce n’est ni par la puissance ni par la force, mais par mon Esprit, dit l’Eternel des armées.
Zacharie 4.6