Je suis à Amman, en Jordanie, depuis presque deux mois. Comme je ne travaille pas encore, je profite de mon temps libre pour améliorer mon arabe. Cela implique de passer du temps à converser avec mon prochain. Je me familiarise avec le quartier, la ville et j’apprends à connaître mes voisins. Dans cette capitale qui semble parfois si impersonnelle, de nombreuses cultures se croisent et s’entremêlent.
Paix dans une région en guerre
La ville est immense, construite au départ sur sept collines différentes, elle en couvre maintenant plus de 19. Elle a porté plusieurs noms selon les époques: Rabath Ammon, Philadelphie, Amman. Capitale déroutante, elle n’est ni belle ni moche, ni accueillante, ni repoussante. Les klaxons l’animent durant la journée – comme de nuit d’ailleurs! Il peut être dangereux de se déplacer à pieds, le respect du code de la route étant plutôt approximatif. Toutefois, malgré ce fourmillement de voitures qui rend les ballades risquées, Amman fait figure d’exception au Moyen-Orient. C’est une oasis de paix pour les nombreux ressortissants de pays en guerre venus s’y réfugier.
Entre Orient et Occident
Les différences sociales et culturelles sont tellement importantes d’un quartier à l’autre comme d’une partie de la ville à l’autre! Il est parfois difficile pour une nouvelle-venue, de savoir comment se comporter et comment se vêtir de manière adéquate. Dans le « Balad », quartier populaire, il vaut mieux être couverte et modestement vêtue. A l’inverse, dans les malls d’Amman-ouest, on se croirait plutôt en Occident. On peut alors porter des tenues tendance à l’image des enseignes qui les remplissent: Zara, H&M, Mango, Pull & Bear ou Bershka. Il faut apprendre, dans cette ville cosmopolite, à être flexible, à se laisser surprendre, à se laisser aborder également.
La Palestine toujours
J’aime la curiosité des gens et leurs questions directes. Comme j’aime échanger et rire, les conversations sont souvent très sympathiques. On me demande systématiquement d’où je viens, ce que je fais à Amman, si je suis mariée, si j’ai des enfants. Mon arabe approximatif me permet de répondre à ces questions et c’est avec plaisir que je me prête au jeu. Je questionne à mon tour mes interlocuteurs.
Comme ma maman, née au Liban, est d’origine palestinienne, cela crée rapidement un pont entre les autres et moi. En effet, plus de 70% de la population à Amman est d’origine palestinienne. Je rencontre des gens de Jérusalem, Tulkarem, Jénine, ou Ramallah. Presque chaque conversation me permet de voyager un peu en Palestine. Cela me rapproche alors du destin de mes interlocuteurs, puisque nos familles sont communément victimes de la Nakba. Dès ce moment, la conversation prend un ton plus personnel; On m’appelle soeur, cousine et je me sens alors moins étrangère dans cette ville immense.
Ton identité rachetée définit ta liberté. {…} Ta liberté trouve son expression la plus complète en étant au service de l’autre dans l’amour. Valorise ton prochain comme égal à toi-même.
Traduction libre de la « Mirror Bible », Galates 5.13-14